Vous le savez, sur le blog j’aime proposer des interviews. C’est souvent autour de mes différentes passions : le jeu vidéo, les mangas ou quelques artistes. Dernièrement sur le blog vous avez eu l’occasion de lire l’interview de Christophe Cointault, un mangaka français (l’auteur de Tinta Run) ou encore de Migne, un illustrateur de talent ! Aujourd’hui je vous propose l’interview de Fédoua Lamodière, une traductrice de mangas ! Car oui pour qu’un manga arrive en France il y a plusieurs étapes et celle-ci en fait clairement partie !
Hello, pourrais-tu te présenter et nous expliquer ton parcours ?
Bonjour ! Je m’appelle Fédoua, j’ai 37 ans, je suis née à Paris, mes passe-temps préférés sont le sport et la lecture. (C’est faux.) Comme beaucoup de gens de ma génération, j’ai grandi avec les anime du Club Dorothée, et j’ai véritablement découvert les mangas « papier » avec la première édition de Dragon Ball au milieu des années 90. Une fois tombée dans le manga, je me suis passionnée pour le Japon en général, et j’ai voulu apprendre le japonais pour aller m’installer là-bas et y devenir mangaka. Dans la pratique, j’ai bel et bien étudié le japonais à la fac (INALCO), et suite à un concours de circonstances, je suis devenue traductrice. J’ai commencé à traduire des mangas en 2001 et je n’ai rien fait d’autre jusqu’à aujourd’hui.
Tu peux nous expliquer une journée type d’une traductrice manga comme toi ?
Beaucoup de boulot et très peu de pause ! XD Quand on est traducteur indépendant et qu’on travaille chez soi, il faut avoir une bonne organisation pour ne pas se laisser déborder. Bon, comme j’ai une famille, c’est assez facile : je travaille pendant que les enfants sont à l’école, j’ai donc des journées de salarié, au final.
Le processus de traduction d’un manga se déroule comme ceci : on commence par numéroter les bulles et les onomatopées directement sur le volume en japonais, puis on reporte le numéro sur un fichier texte, et on écrit le dialogue correspondant. Ensuite, on envoie le fichier texte (par mail) et le volume indexé (par courrier) à l’éditeur qui fait suivre au lettreur. C’est le lettreur qui sera chargé de mettre les textes dans les bulles et de retoucher ou sous-titrer les onomatopées. Chez certains éditeurs, j’ai la possibilité de relire le volume lettré sur PDF avant qu’il soit envoyé chez l’imprimeur.
Kid i Luck, un manga traduit par Fédoua Lamodière
Tu as traduit de nombreuses licences, laquelle était la plus compliquée ? Laquelle restera un meilleur souvenir ?
La plus compliquée a été pour moi une série en trois tomes de Yuko Osada intitulée Kid I Luck (publiée chez Ki-oon). C’est l’histoire d’un garçon bagarreur, totalement dépourvu de sens de l’humour, qui veut devenir comique pour faire rire son amie d’enfance, traumatisée suite à une agression. Or, l’humour est ce qu’il y a de plus compliqué à traduire, car ce qui fait rire les lecteurs japonais ne va pas forcément faire rire le public français. Surtout que dans le cas présent, il fallait bien marquer la distinction entre les gags du début du manga, quand le héros est encore amateur et « nul », et ceux de la fin de l’histoire où tout le monde est censé exploser de rire à chaque jeu de mots. Le travail d’adaptation était énorme et il fallait beaucoup s’éloigner du texte original.
Mon meilleur souvenir, c’est quand on m’a proposé de m’occuper de la retraduction de Dragon Ball, forcément. C’est mon manga préféré, toute ma vie est pour ainsi dire basée dessus, il compte énormément pour moi… Donc travailler sur ce titre a été une des plus grandes émotions de mon existence ! Même si tout ne s’est pas exactement passé comme je l’espérais (je parle de la version deluxe en coffret qui est sortie avec de lourds défauts), cette aventure reste un merveilleux souvenir. ^^
Dragon Ball c’est la vie
Tu sembles passionnée par les mangas, tu peux nous dire ton TOP 3 ?
Alors, autant pour les deux premiers, je n’ai absolument aucun doute, autant pour le numéro 3, j’hésite entre plusieurs… Enfin, il faut bien choisir ! Alors je dirais :
- Dragon Ball
- L’attaque des titans
- Hunter x Hunter
… mais Berserk n’est vraiment pas loin derrière !^^
Tu travailles actuellement sur de nombreux projets je suppose mais as-tu envie de travailler sur une licence en particulier ?
Je travaille tellement que je n’ai pas le temps de me tenir au courant de ce qui sort au Japon, donc je ne suis pas très au fait des nouveautés, mais il y a des séries déjà sorties que j’aurais bien aimé traduire. ^^ SnK, Yuyu Hakusho, Berserk, Saiyuki… Mes mangas préférés, quoi !
Sinon, j’aimerais bien davantage travailler sur mon propre manga qui est en projet depuis 15 ans. :p C’est une magnifique fresque épique avec des personnages hauts en couleur ! Il faudrait juste que j’ai le temps de le dessiner… ^^ »’ Mais je le sortirai, un jour… Je le sortirai !!
Merci Fédoua Lamodière pour cette interview !